mercredi 22 janvier 2020

Personne ne m'aime - 2


Celui-là, aïe... Comme dans toute bonne trilogie (oui, j'ai dit qu'il y aurait 4 articles et je parle de trilogie, vous comprendrez plus tard !), le numéro deux est le plus sombre.
Mon projet initial était de vous montrer les 3 images d'un coup, sans trop de commentaires, surtout sur celle-ci, parce que je n'étais pas prête à parler de ce thème. Certaines remarques professionnelles et personnelles, et une conversation avec un plus si petit bonhomme m'ont convaincue.

A 12 ou à 21 ans, je n'avais pas les mots pour comprendre ce que je vivais, ni pour en mesurer les conséquences. Il s'agit de harcèlement, qui a, lui aussi été médiatisé depuis...

La raison pour laquelle, je ne voulais pas en parler est que je ne me sens pas guérie du tout !

A 35 ans, je suis bien consciente de toujours revivre le même schéma, celui où je suis dans le meilleur des cas exclue des groupes et des conversations, et où l'on se moque de moi. Et toute mon attitude engendre ça, je n'essaie plus vraiment de m'intégrer, je sais que ça finira comme ça.
Quand j'étais maitresse, j'aurais pu agir, mais j'avais peur, des harceleurs, même si c'étaient des élèves et moi la prof. J'ai toujours peur quand je rentre dans un collège...
Et je me sens coupable de ça. D'être différente et de provoquer les moqueries. De ne pas être aimable. De ne pas y arriver. C'est ma faute, je n'avais qu'à moins me faire remarquer, rentrer dans le moule.

Oui, je suis différente. 
Mon premier souvenir d'école, c'est justement cette sensation de voir tous ces autres interagir, sans bien comprendre ce qu'ils faisaient et pourquoi moi je n'étais pas comme eux. Accrochée à la jupe de ma mamie-maitresse, j'attendais patiemment l'heure de la sortie et la fin du supplice.
A l'heure qu'il est, je ne sais pas exactement d'où vient cette différence, ses causes (hypersensibilité, HPI, TSA, MnM's, SNCF ou RTL...), je commence juste à comprendre qu'elle est là, et qu'elle ne disparaitra pas.
Ce que j'ai envie de dire, c'est que, même si j'ai développé cette espèce de paralysie ridicule (je me ferme et j'attends que ça passe), ça n'a pas empêché tous ces mots, toutes ces remarques, tous ces regards fuyants et ces ricanements de me trouver et de me blesser. Bien joué les gars. 
Mais pourquoi ? Qu'est-ce que ça vous apporte ? En quoi ça vous gêne que je ne sois pas comme vous ?




Et puis ces derniers temps j'ai compris.  
Je suis une victime, je ne suis pas coupable.
C'est vrai que je suis différente, mais ça ne justifie pas de me faire souffrir pour ça.
On n'a pas le droit de blesser quelqu'un parce qu'il est différent.
Je suis victime, pas coupable.

(Je suis coupable de toutes les fois où j'ai participé à des moqueries pour détourner l'attention de moi, et aussi, de toutes les fois où je n'ai pas su dire ça aux enfants que je voyais souffrir. )

2 commentaires:

Laetitia a dit…

Ce deuxième volet me parle malheureusement... Cette situation arrive bien plus souvent qu'on ne le croit... Entendre toutes ces méchancetés et finir par y croire... Des paroles qui laissent des traces... À vie.
Le poids des mots... Je comprends maintenant, bien plus tard, pourquoi j'ai parfois si peur de mes propres paroles, car je sais à quel point un simple mot peut être dévastateur.
Mais seulement,les mots ne touchent pas les gens de la même manière. Peut être parce que ces gens là qui les disent, n'ont jamais été de ceux qui les recoivent.
J'espère de tout mon cœur qui ma fille n'ait jamais à vivre cela. Aucun enfant ne devrait avoir à subir ça.

Aurélie et Prosper a dit…

Oh oui, surveiller ses mots, c'est dur...

Et parfois, on se surprend à utiliser nous aussi les mots qui font mal, tellement ils sont ancrés dans nos têtes...

Dur de trouver le bon équilibre. Mais je pense que tout le monde peut entendre des excuses, même les petits.